Commandant d'unité du génie militaire exemplaire, mort pour la France au Château du Montois et inhumé provisoirement à côté de sa chapelle pendant 2 ans.
Nous remercions chaleureusement le Colonel Rémy Hémez, 90e Chef de Corps du 3e Régiment du Génie et auteur du texte partagé ici, ainsi que le Capitaine (ro) Michel Orthon, président du Souvenir Français du Soissonnais, pour la richesse des archives et documents fournis et que nous partageons ici.
Découvrez le récit de la vie de cette figure héroïque du génie, qui s'est illustré à maintes reprises avec ses hommes au cours de la terrible guerre qui opposa la France à l'Allemagne de 1914 à 1918.
Roméo Balthazar Marie Pierre Augustin Aristide PIGOUCHE est né au château de Vespeille-les-Pins, le 17 février 1876 à Salses, une commune du canton de Rivesaltes dans les Pyrénées orientales.
Vieille famille originaire de l’Artois et plus particulièrement des alentours de Lillers, les PIGOUCHE sont aussi une famille de militaires. Le père de Roméo, Jules PIGOUCHE, était lui-même officier, chef d’escadron dans un régiment d’artillerie à Lunéville. A la naissance de son fils Roméo, il avait 45 ans. Il termina sa carrière comme lieutenant-colonel, décoré de la Légion d’Honneur et il décéda le 23 juin 1906. Il était aussi excellent cavalier, instructeur d’équitation. A ce titre, il a appris à monter à cheval à l’impératrice Eugénie et a publié un manuel d’équitation.
Roméo suit les différentes affectations de son père puis il fait de bonnes études à Saint-Louis de Gonzague à Perpignan et devient bachelier ès lettres. Arrive alors le temps de servir sous les drapeaux.
Roméo PIGOUCHE appartient à la classe 1896. Sur son livret militaire on peut trouver sa description au moment de son incorporation : il mesure alors 1 m 76, a les cheveux châtains, les yeux bleus, la barbe et la moustache blondes. Il effectue son service militaire au 9e régiment d’artillerie à Castres à partir du 13 novembre 1898, d’abord en tant que canonnier conducteur à la 11e batterie. Se mettant très rapidement en valeur, il est promu brigadier dès le 21 juin 1898 et dans le même temps il réussit le peloton d’élèves sous-officiers de mai à juillet 1898, peloton où il se classe 14e sur 92 participants. Il devient maréchal des logis le 21 octobre 1898. Son choix est fait, il décide d’embrasser la carrière des armes. En 1902, il est admis à suivre les cours de l’école militaire d’artillerie et du génie à Fontainebleau ; il y choisit le génie. Le 1er avril 1902, il intègre les rangs du 1er régiment du génie en tant qu’élève-officier de l’artillerie et du génie. Un an plus tard, il est promu sous-lieutenant et il est muté au 7e régiment du génie à Avignon.
Le 4 février 1904 il se marie avec Germaine RESTE qui est originaire de Marseille. Ils auront trois filles : Madeleine, Marthe et Marie-Euphémie. Les loisirs de Roméo PIGOUCHE sont consacrés au dessin et à la chasse sur les vastes domaines des deux familles.
Il est promu au grade de lieutenant le 1er avril 1905.
Au 7e génie il participe en juin 1909 à des opérations d’aide à la population suite à un tremblement de terre qui a touché la Provence et plus particulièrement la région située entre Aix et Salon. Il fait alors partie de la 19e compagnie du 1er bataillon, commandée par le capitaine Borel qui est la première sur les lieux dès le 12 juin. Le lieutenant PIGOUCHE travaillera plus particulièrement avec sa section à Vernègues où il fallait notamment éviter que les rochers surplombant la ville ne chutent et déblayer les axes. Il fera aussi tomber ce qui restait du clocher de l’église (une aiguille de 15 m) et qui était devenu un danger pour la population. Le 20 juin toute la compagnie retrouve ses quartiers à Avignon.
Le lieutenant PIGOUCHE prend ensuite part aux opérations suite aux inondations de Paris en 1910. Sa compagnie quitte Avignon le 29 janvier 1910. Il prend le commandement d’un détachement composé de 4 haquets à bateaux et 2 haquets à nacelles, 3 sous-officiers et 27 militaires du rang et se rend à Saint-Ouen. Les embarcations sont utilisées pour le transport d’habitants, de vivres, de matériaux ou de charbon pendant plusieurs semaines.
Il devient capitaine le 1er juillet 1911. C’est à cette époque qu’il rejoint le régiment dans les rangs duquel il combattra au cours de la Grande Guerre : le 3e régiment du génie stationné alors à Arras. Il y commande d’abord la 2e compagnie du 2e bataillon. Très apprécié de ses hommes, il est passionné par son métier et il n’a de cesse d’améliorer ses connaissances techniques. Mais il est aussi un très bon technicien. Ainsi, en 1911, il reçoit un témoignage de satisfaction du ministre de la guerre pour la construction d’un appareil télémétrique destiné à mesurer la largeur des cours d’eau. Dans son feuillet individuel de campagne on peut lire un résumé des notes antérieures à l’année 1914 : « Sorti de Versailles en 1902, provenant de l’artillerie. Officier sérieux, très dévoué et ayant de l’expérience. Connaît bien les manoeuvres de pontage. Très vigoureux, très apte à faire campagne ».
Quelques semaines avant la première guerre mondiale, en avril 1914, le capitaine PIGOUCHE prend le commandement de la 3e compagnie du 1er bataillon du 3e régiment du génie et c’est avec les hommes de cette compagnie que Roméo a rendez-vous avec le destin.