Capitaine PIGOUCHE
(1876-1918)

Le Capitaine PIGOUCHE s'est illustré avec ses hommes à plusieurs reprises pendant la Grande Guerre. Ce qui leur a valu plusieurs citations entre 1914 et 1918.

Outre ces citations, le Capitaine PIGOUCHE sera également fait Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 6 décembre 1914.

Le Capitaine PIGOUCHE en 1914.

Un meneur d'hommes ingénieux et performant pendant la guerre

Pour lui et sa compagnie, la Grande Guerre commence en Belgique, dans la région de Dinant. Et, dès lors, ses hommes et lui s’illustrent.

Il organise d’abord la défense du village d’Onhaye en réalisant notamment des barricades. Puis, au tout début de la retraite de la Meuse sur la Marne, sa compagnie détruit les ponts d’Anseremme, d’Hastières, de Dinant et de Bouvignies. Pour commander ces destructions le capitaine PIGOUCHE installe son PC à Dinant et les explosifs nécessaires seront récupérés dans le fort de Charlemont. Lors de ces opérations il va vivre une péripétie qui aurait pu lui être fatale. Le 17 août 1914, le capitaine prend le commandement du convoi qui part livrer les explosifs aux différents détachements de destruction. Sur le trajet, en arrivant à hauteur de l’écluse d’Anseremme, le chauffeur de l’automobile, fatigué, a une seconde d’inattention, donne un coup de volant et précipite l’automobile dans la Meuse. Péniblement, les occupants parviennent à se dégager, aidés par l’éclusier. Les sapeurs tentent aussitôt de sortir le véhicule de l’eau mais une patrouille à cheval ennemie se présente sur l’autre rive et ouvre le feu. Ne disposant que de leurs pistolets, les sapeurs se barricadent chez l’éclusier. Les Allemands tentent alors de franchir le barrage pour faire des prisonniers mais sont finalement repoussés grâce à l’arrivée du détachement de destruction d’Anseremme. 

Après avoir détruit avec succès les ponts, le 25 août dans la soirée, la compagnie rentre en France. Elle lance d’abord un pont d’équipage à Reuil-sur-Marne le 02 septembre, puis reçoit l’ordre de le détruire après le passage des troupes. Le capitaine PIGOUCHE décide, après avoir pris des renseignements sur l’ennemi, de le replier afin de pouvoir réutiliser le matériel. Malgré l’extrême fatigue des jours précédents, l’opération est effectuée en 30 minutes et vaut à la compagnie les félicitations du colonel commandant le génie du corps d’armée. Puis c’est la bataille de la Marne. Le 9 septembre, la 3 lance un pont de bateaux près de Dormans, utilisant le précieux matériel qui aurait dû être détruit quelques jours plus tôt sans l’heureuse initiative de son commandant d’unité. Le 17 septembre le capitaine PIGOUCHE et sa compagnie sont envoyés à Pontavert dans l’Aisne, à la disposition de la 2e division. La 3 réalise alors différents travaux d’organisation du terrain et prend part à l’attaque de la Ville-au-Bois avec le 73e régiment d’infanterie. A la suite de ces actions la compagnie reçoit cette citation à l’ordre de la 2e division : « Mise temporairement à la disposition de la 2e division d’infanterie, a exécuté, sous l’habile direction du capitaine PIGOUCHE, des travaux considérables dans des conditions parfois très dangereuses. A perdu au cours de ces opérations 3 hommes tués, 8 blessés ».  

Le 26 octobre, le capitaine PIGOUCHE est cité personnellement à l’ordre de l’armée : « A, sous le feu violent de l’ennemi, dirigé avec le plus grand calme et avec succès la destruction des ouvrages d’art dont il était chargé ». 

Très rapidement il devient une figure héroïque du génie.

En effet, dès 1914, le 17 novembre, dans le cadre de l’offensive lancée sur l’Aisne, le capitaine PIGOUCHE est fait chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur avec la citation suivante : « Dans la nuit du 9 au 10 novembre, chargé de l’établissement, sous le feu de l’ennemi, d’un va-et-vient sur une rivière, s’est maintenu toute la journée avec son petit détachement de sapeurs tapis dans les trous d’obus et est parvenu, par un tir ajusté, à empêcher les allemands de détruire ce moyen de passage. Dans la nuit du 11 au 12 novembre 1914 a amené une portière pour franchir la rivière sous le feu à moins de 200 mètres de l’ennemi. »

Le 30 mars 1915, il est encore cité à l’ordre de la division pour les motifs suivants : « A remarquablement organisé la partie du secteur dont il était en charge. A aidé la mission de l’infanterie de la manière la plus efficace ».

En 1915, la compagnie travaille dans le bois d’Ailly, en Champagne, qu’elle quitte le 12 mai pour arriver le 17 au bois de la Mine, où elle mérite la citation suivante à l’ordre de la division : « Sous l’habile direction de son chef et grâce à l’intelligente initiative de celui-ci, a exécuté, en trois nuits, en avant de nos lignes, une tranchée de 500 mètres permettant une économie de plus de 400 mètres de notre crête de feu. Ce travail, exécuté en terrain très dur et à moins de cent mètres de l’ennemi, constitue une belle preuve d’endurance et d’audace ».

Le 26 juin 1915 le capitaine PIGOUCHE est cité personnellement à l’ordre du Corps d’Armée : « Officier énergique, a effectué sous le feu des reconnaissances très précises des positions allemandes ».

Le 1er septembre 1915, la compagnie (1ère et 4e section) est mise à la disposition de la 122e division pour continuer la guerre de mines à la cote 108, près de Berry-au-Bac. La côte 108 est une croupe échancrée de carrières qui domine d’une cinquantaine de mètres la vallée de l’Aisne au sud, entre le canal de l’Aisne d’une part et le canal de l’Aisne à la Marne d’autre part, à proximité immédiate du pont et du village de Berry-au-Bac. Elle constituait un observatoire de premier ordre pour les Allemands qui en possédaient le sommet. Nos premières lignes s’approchaient à contre pente de ce sommet mais avaient des vues intéressantes sur les positions allemandes. Il fallut à tout prix arrêter les progrès de l’ennemi qui, ne parvenant pas à enlever la position de vive force, cherchait à s’en emparer en ayant recours à la guerre des mines. Pendant quatre mois consécutifs, travaillant sans relâche jour et nuit, les sapeurs ont à combattre contre un ennemi qui a la supériorité du terrain. La lutte est meurtrière et pénible, mais les sapeurs affichent bonne humeur et entrain. Le capitaine PIGOUCHE montre encore une fois toute sa valeur et rivalise d’ingéniosité pour éviter que les Allemands gagnent la bataille. Il galvanise l’ardeur au combat de ses sapeurs. Les puits existants sont approfondis, un système de mines plus bas est créé pour éviter que l’ennemi ne nous fasse sauter. Pour gagner rapidement du terrain, des rameaux de combat de petites dimensions sont creusés et dans ces rameaux, parfois à demi inondés par suite de la profondeur qu’il faut atteindre, les sapeurs travaillent sans relâche. En novembre 1915, la compagnie peut s’enorgueillir d’avoir pu maîtriser l’ennemi et elle reçoit la citation suivante à l’ordre de l’armée : « Engagée dans un combat de mines très actif et où les Allemands avaient la supériorité du terrain, a apporté à la lutte, sous la direction énergique et éclairée du capitaine PIGOUCHE, une âpreté et une ténacité qui ne se sont jamais démenties, malgré des pertes sérieuses, et a réussi à plusieurs reprises à arrêter les progrès de l’ennemi ». 

En 1916, l’année terrible, le capitaine PIGOUCHE se trouvera à la tête de sa compagnie sur tous les grands champs de bataille et tout d’abord à Verdun dès le 28 février. L’offensive qui, aux yeux de nos ennemis, doit terminer la guerre, vient d’être déclenchée. La 1/3 remplace d’abord par un pont de pilots le pont de la Galavaude, coupé par une bombe d’avion. A Bras, elle détruit des péniches qu’il ne faut pas laisser utiliser par l’ennemi ; elle organise la position ferme Warneau, Belleville, fort Saint-Michel et construit un deuxième pont de pilots à la Galavaude. Le travail est particulièrement difficile et dangereux en ce dernier point, constamment bombardé par obus toxiques, mais le capitaine PIGOUCHE est toujours là pour galvaniser les troupes. La compagnie édifie ensuite une passerelle sur le petit bras de la Meuse, à Verdun, et un pont de pilots en face de la boucherie militaire. Ce dernier travail est terminé le 4 avril, jour où la compagnie quitte Verdun. 

Après quelques jours de repos, elle est envoyée à Verneuil où elle travaille à l’organisation du secteur, garde et entretient des ponts sur l’Aisne et prend part à quelques coups de main

Le 22 juillet, elle est dirigée sur la Somme où commence une grande offensive ; elle est mise à la disposition de la 46e division et participe à la prise de Maurepas ; elle travaille ensuite à la réfection des routes du secteur. Le 8 octobre 1916, la compagnie est envoyée en Champagne, secteur de Miraucourt. Elle y travaille aux organisations défensives. 

Après avoir participé, le 16 avril 1917, dans la région de Craonne, à l'offensive du Chemin des Dames, le 1er corps d'armée, reformé au Camp de Mailly, est transporté dans les Flandres où il doit coopérer à l'attaque franco-anglaise en direction de Roulers à l’été 1917. Les sapeurs doivent construire 26 passerelles et 4 ponts. La compagnie du capitaine PIGOUCHE est chargée de la construction de deux ponts pour le passage d’engins d’accompagnement à Het-Sas et Boesinghe. Tout en construisant des abris ou des pistes, la compagnie va rassembler les moyens nécessaires au franchissement du canal de l’Yser et s’entraîner pour cette mission. À Het-Sas c’est un pont d’équipage de 4 bateaux qui doit être établi et qui sera en mesure de supporter 3 t 5 et à Boesinghe un passage sur fascines. Les travaux préparatoires débutent le 23 juillet et se font de nuit de façon à ne pas éveiller l’attention. Le 25 juillet, la préparation d’artillerie commence et rend plus difficile les travaux car la réaction de l’ennemi est violente. Ce jour même 10 sapeurs sont intoxiqués par des gaz à Boesinghe. Ce passage est néanmoins terminé le 31 juillet. Long de 40 m et large de 5, il aura nécessité plus de 5000 fascines, toutes approvisionnées à dos d’homme par les boyaux. Quant à eux, les travaux pour le pont de Het-Sas commencent le 28 juillet. Pour éviter toute destruction du matériel les bateaux sont amenés au dernier moment. La compagnie devra les porter sur plus de 700 m. Le 31 juillet à 4 h 30, au moment précis où l’attaque commence, l’ordre de lancer les bateaux est donné. Le capitaine PIGOUCHE, ayant traversé quelques instants auparavant, a planté le fanion de la compagnie sur la rive opposée afin d’indiquer l’axe. Ce geste enthousiasme les sapeurs. Il faudra moins de trente minutes pour livrer le pont. 

Dans les semaines qui suivirent les Sapeurs participèrent à de nombreuses attaques, rétablirent les voies de communication mais ils construisirent aussi un pont de charpente (à la place du passage de fascines) et une passerelle de 600 m de long. La belle conduite de la 1/3 et de son chef au cours de l’établissement de points de passages sur les cours d’eau en vue de l’attaque lui vaut une deuxième citation à l’ordre de l’armée et le droit de porter la fourragère aux couleurs de la croix de guerre que la compagnie reçoit des mains du général PETAIN. 

Le 3 juin 1918, la compagnie est à Dommiers où elle résiste héroïquement pendant deux jours et mérite une nouvelle citation à l’ordre du corps d’armée : « Compagnie d’élite, déjà citée quatre fois. Les 3 et 4 juin, sous le commandement du capitaine PIGOUCHE, a contribué avec vigueur à la défense d’un village et a maintenu la position qui lui avait été confiée, malgré la violence du bombardement et les assauts d’un ennemi supérieur en nombre ». 

71 rue du Cleux
02290 RESSONS LE LONG
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